Lors de sa déclaration de politique générale, ce vendredi 27 decembre 2024, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a annoncé que son gouvernement appliquerait le principe de réciprocité en matière de délivrance de visas pour les ressortissants de certains pays. Cette décision vise à aligner les politiques sénégalaises sur celles des pays imposant des restrictions similaires aux citoyens sénégalais.
Cette mesure pourrait-elle concerner la Mauritanie, un pays voisin et partenaire stratégique ? Actuellement, les Sénégalais résidant en Mauritanie doivent se munir d’un titre de séjour, au coût de 3 000 ouguiyas (environ 45 000 francs CFA), valable pour une durée d’un an. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un visa au sens strict, cette obligation constitue une contrainte administrative et financière.
Une situation délicate
L’application d’un visa réciproque aux Mauritaniens pourrait compliquer les relations entre les deux pays. Historiquement, le Sénégal et la Mauritanie partagent des liens culturels, économiques et familiaux forts, particulièrement dans les régions frontalières, où des milliers de familles vivent des deux côtés du fleuve Sénégal. Imposer des restrictions de mobilité risquerait de perturber ces relations séculaires.
L’intégration africaine en question
L’annonce du Premier ministre intervient dans un contexte où l’Union africaine encourage la libre circulation des personnes et des biens entre les pays membres. L’adoption de mesures restrictives, même sous le principe de réciprocité, pourrait aller à l’encontre des efforts d’intégration régionale.
Cependant, des exceptions pourraient être envisagées pour les pays africains voisins comme la Mauritanie. Une telle démarche permettrait de préserver les principes d’intégration africaine tout en renforçant les relations bilatérales.
Vers une harmonisation des politiques ?
La déclaration d’Ousmane Sonko suscite des interrogations sur la manière dont cette politique sera mise en œuvre. Le gouvernement sénégalais pourrait opter pour une solution équilibrée en négociant avec la Mauritanie afin de simplifier ou supprimer les restrictions administratives des deux côtés de la frontière.
Une chose est certaine : la décision de Dakar devra tenir compte des réalités transfrontalières et des enjeux socio-économiques qui unissent ces deux nations.
Affaire à suivre.
La Rédaction