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Opinion

Diam Min Tekky

Le groupe de rap mauritanien Diam Min Tekky écrit une lettre ouverte au président sénégalais Macky Sall

Monsieur le Président de la République Macky SALL, nous vous écrivons cette lettre ouverte pour attirer votre attention sur le cas des réfugiés mauritaniens vivant sur le sol sénégalais depuis maintenant trois décennies et plus.

Face aux conditions de vie difficiles auxquelles ils font face au Sénégal, certains Mauritaniens avaient décidé de regagner leur pays d’origine à partir de mars 2008 sous l’égide de l’Agence des Nations-Unies pour les réfugiés. Un retour pas totalement réussi si l’on se fie à la Coordination des Associations de réfugiés mauritaniens au Sénégal.

Environ 14.000 réfugiés mauritaniens ont choisi de rester au Sénégal suite aux événements tragiques de 1989. Cependant, la précarité de leurs conditions de vie nous alerte et nous inquiète.

La Téranga du peuple sénégalais s’est manifestée à plusieurs reprises à leur endroit. Nombre de vos concitoyens a, par bien des moments, partagé leurs pains pour les nourrir ou leurs toits pour les couvrir. Qu’ils en soient infiniment remerciés par Allah le Tout Puissant.

Les 14.000 Mauritaniens qui sont encore au Sénégal ne sont pas mieux lotis. Ils vivent dans des camps de réfugiés, notamment celui de Thiabakh dans la ville de Richard-Toll, au bord du fleuve Sénégal. Plusieurs milliers souhaiteraient acquérir la citoyenneté sénégalaise, ce qui n’est pas si simple, de l’aveu même du HCR.

"Il s’agit de constituer les documents et c’est un problème épineux parce que la plupart d’entre eux sont arrivés sans aucun document. Certains ont aussi eu des enfants qu’ils n’ont pas déclarés", reconnaît la représentante de l’organisme onusien. Quant à la vie quotidienne, c’est un combat de tous les jours.

"Depuis que je suis enfant, je vis dans la pauvreté, sans travail, sans soutien", confie une réfugiée âgée de 30 ans. Le peu de travail qu’il y a, les hommes vont le chercher dans une plantation privée à des heures de marche. Selon le bon vouloir des responsables, ils peuvent ou non, couper de l’herbe ou ramasser du bois mort qu’ils vendront pour une misère.

Régulièrement les associations de défense de ces réfugiés tirent la sonnette d’alarme. Elles réclament en particulier l’obtention de papiers pour tous. Beaucoup sont en effet en situation irrégulière et ne peuvent donc pas chercher un travail. Quant à ceux qui veulent rentrer en Mauritanie, faute de papiers, leur citoyenneté ne leur est pas reconnue.

Monsieur le Président Macky SALL, nous nous sommes permis d’attirer votre attention sur cette situation qui nous attriste au plus haut point dans le seul but de vous rencontrer.

Nous formulons donc cette demande d’audience auprès de Votre Excellence afin de pouvoir vous exposer, en détail, la situation de ces réfugiés mauritaniens sur votre sol.

Nous restons à votre entière disposition ainsi qu’à celle de l’ensemble des membres de votre gouvernement.

Dans l’attente d’une suite favorable à notre demande, veuillez accepter, Monsieur le Président de la République, l’expression de nos sincères considérations et respects.

Bruxelles, le 18/07/2023

DIAM MIN TEKKY

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