Le deuxième Sommet africain sur le climat (AEC2) s’est ouvert hier lundi 8 septembre à Addis-Abeba, réunissant plus de quarante chefs d’État, des milliers de délégués venus du continent et de l’international, ainsi que des représentants de la société civile et du secteur privé.
Au cœur des débats : la nécessité urgente de financer un développement résilient et vert pour l’Afrique, continent le moins pollueur, mais parmi les plus affectés par les dérèglements climatiques.
« Pas de charité, mais de la justice » Mahmoud Ali Youssouf
Dans son discours inaugural, le président de la Commission de l’Union africaine, Mahmoud Ali Youssouf, a adopté un ton ferme.
« L’Afrique ne demande pas l’aumône, elle exige un financement équitable et prévisible », a-t-il déclaré, dénonçant les inégalités d’un système mondial où le continent, responsable de seulement 4 % des émissions mondiales, paie « le prix fort » à travers sécheresses, dettes accablantes et exodes massifs de jeunes.
Le responsable de l’UA a rappelé que l’adaptation aux changements climatiques nécessitait 1 300 milliards de dollars par an, mais que seuls 300 milliards sont mobilisés à ce jour, un écart qualifié d’« inacceptable ».
Pour lui, la justice climatique doit cesser d’être un simple slogan et se traduire en actions concrètes : financements massifs, transferts de technologies vertes et partage d’expertise adaptés aux réalités africaines.
William Ruto : « L’unité africaine est la clé »
Le président kényan William Ruto, figure montante de la diplomatie climatique, a de son côté invité ses pairs à voir dans cette crise une opportunité économique plutôt qu’un fardeau.
« Le changement climatique peut être une source de croissance et de création d’emplois si nous choisissons l’unité et la coopération », a-t-il affirmé.
Se référant au premier Sommet africain sur le climat tenu à Nairobi, Ruto a rappelé que l’Afrique est désormais reconnue comme un acteur porteur de solutions, et non plus seulement comme une victime. Il a salué les avancées déjà amorcées dans les infrastructures vertes et l’agriculture durable, tout en dénonçant le manque de solidarité internationale et les promesses non tenues.
« Aucune nation ne peut affronter seule cette crise », a-t-il martelé, plaidant pour une réforme du système financier mondial afin de rendre le capital plus accessible et attirer les investissements privés vers le continent.
Pour le président kényan, soutenir les ambitions climatiques africaines ne relève pas seulement d’un devoir moral, mais aussi d’un intérêt global, tant les économies et les écosystèmes de la planète sont interdépendants.
Vers une déclaration d’Addis-Abeba ?
Les travaux de l’AEC2 doivent aboutir à une Déclaration d’Addis-Abeba, destinée à consolider la position commune du continent en vue des prochains rendez-vous mondiaux, notamment la COP30 au Brésil et la COP32, que l’Éthiopie souhaite accueillir en 2027.
En attendant, les voix africaines s’élèvent d’une même tonalité : l’urgence climatique ne peut plus attendre et l’Afrique entend jouer un rôle central dans la définition d’un futur durable et équitable pour tous.