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Politique

Kadiata Malick Diallo, députée mauritanienne, AHMED MOHAMED KHAIROU, Secrétaire Général de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), Balla TOURÉ Président du parti « sursaut populaire démocratique_SPD (opposition)@collageTRUST

Elections en Mauritanie : Une partie de l’opposition sceptique quant à la transparence des scrutin prévus en Mai 2023

En Mauritanie, les élections législatives, communales et régionales se préparent pour le mois de mai 2023. De nouveaux membres de la CENI ont été désignés pour l’organisation des scrutins. Mais l’opposition doute fort de la crédibilité de cette structure et de la volonté politique que fait miroiter le pouvoir qu’elle soupçonne de vouloir imposer des élections sans les conditions d’équité.

« Nous allons nous battre pour obtenir un résultat et empêcher le truquage des élections par le parti au pouvoir »A affirmé Madame Kadiata Malick Diallo, député à l’assemblée Nationale et membre de la coalition « Espoir Mauritanie ». La transparence des élections dépend de la volonté politique du pouvoir selon elle. « L’histoire des élections en Mauritanie, jusqu’en 2001 les élections ont été truquées, le fichier électoral n’était pas fiable parce qu’on y mettait tout ce qu’on voulait. On faisait voter des mineurs en les présentant comme des majeures avec une carte d’identité truquée, une seule personne pouvait voter deux à trois fois, des votes multiples, le bourrage des urnes et le vote des militaires multiples ». A-t-elle soutenu.

Pourtant, en 2005, à la faveur d’un coup d’Etat qui a mis fin à vingt ans de pouvoir de Maouiya  Ould Sid’Ahmed Taya, l’espoir était né au sein de la classe politique mauritaniennes qui a soutenu à l’époque le Conseil Militaire pour la Justice et la démocratie durant une transition qui a vu la création de la première CENI, et l’organisation d’une élection présidentielle jugée démocratique et respectable, c’est ce que reconnait notamment la député Kadiata Malick Diallo pour qui il y a eu une élection qui était respectable. « La CENI avait bien joué son rôle de commission électorale indépendante et ces élections n’ont pas été contestées. » A-t-elle dit avant de déplorer : « Après le coup d’état de 2008, nous sommes retombés dans la même situation de fraude électorale, d’achat de consciences, d’utilisation des moyens de l’état entre autres ».

Les conditions de transparence et de crédibilité restent donc liées à la volonté du pouvoir et à l’indépendance de la CENI constituée avec les partis politiques. « Même s’il y a beaucoup d’inquiétudes, je préfère juger sur la base des faits. Et ce que je vois aujourd’hui c’est que le parti du pouvoir est allé à l’assaut des populations en demandant aux gens de présenter leurs cartes d’identités. Tout laisse croire qu’il s’agit là d’une opération de fraude qui se prépare. Ils distribuent des vivres par-ci, par-là, à l’approche des élections pour conditionner l’électorat. Ils utilisent leurs positions pour intimider les gens qui sont liés à l’administration. Tout celui qui occupe un poste que ce soit les directeurs, les chefs de services, ne peut pas s’afficher à l’opposition. Dans ces conditions, il est illusoire de parler de transparence électorale et nous en tant qu’opposition nous allons nous battre pour qu’il y ait le respect de la transparence ».

Commission Électorale Nationale Indépendante_CENI

AHMED MOHAMED KHAIROU, est Secrétaire Général de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Il rassure que « les préparatifs des élections se passent dans des bonnes conditions. Il a rappelé que la liste du personnel a été publiée depuis le 9 janvier sur le site de la CENI. « Nous avons entamé la formation du personnel depuis début de ce mois de janvier 2023. Les signatures des contrats et le déploiement du personnel sur l’ensemble du territoire national. Nous avons recensé pour le moment 143.000 personnes et nous sommes optimistes que tout se passera dans des bonnes conditions ». A déclaré le fonctionnaire de la CENI qui poursuit : « On nous accuse de ne pas être crédibles ni transparents, nous avons prêtés serment donc nous avons l’obligation de le respecter, une fois désignés les 11 qui constituent la commission électorale, il est de notre devoir de garder les secrets professionnels de moralités et de neutralités et surtout être transparent dans ce qui nous a été confié comme mission ».

SPD_Opposition

MONSIEUR BALLA TOURE, est un ancien allié de BIRAM OULD ABEID du mouvement « IRA ». Il est aujourd’hui Président du parti « sursaut populaire démocratique (SPD) », nouvellement créé et dont la reconnaissance est en cours. Il pense qu’il n’y a ni crédibilité ni transparence sur les prochaines élections. A propos de la nomination des membres de la CENI, il trouve qu’elle s’est faite dans des conditions très sombres. « Nous avons pensé qu’ils allaient choisir des personnalités indépendantes pour diriger la CENI mais malheureusement, celles-ci sont issues des différents partis politiques. C’est une volonté de manipuler les opérations de manipuler le processus électoral. » A-t-il déploré. Il poursuit : « Les décisions qui sont tombées par la suite nous ont donné raison. Ils ont publié la liste électorale où les mauritaniens devraient voter à l’étranger et on se rend compte qu’il y a beaucoup de pays en Afrique, en Asie et en Europe ou réside des dizaines de milliers de mauritaniens, qui vont être privés de droit de vote ».

« Le parti au pouvoir a toujours perdu les élections à l’étranger, par ce que la diaspora est composée des mauritaniens qui sont hors contrôle du régime, qui sont à l’abri des pressions tribales et à l’abri des menaces et de la surenchère ou des chantages des autorités. Ce sont des mauritaniens qui choisissent de voter librement».

Monsieur TOURE a conclu ses propos en s’appuyant sur la constitution de la coalition « ESPOIR MAURITANIE » par plusieurs partis de l’opposition qui peuvent être une alliance productive pour les élections à venir : « nous sommes avec d’autres partis politiques ou nous avons créé une coalition intitulée ESPOIR MAURITANIE dans cette coalition il y a le parti Mauritanie forte, le parti du changement, le parti la Mauritanie qui rassemble, le parti le rassemblement des démocrates progressistes etc. tous ces partis c’est pour créer la coalition espoir Mauritanie dirigé par DIOP AMADOU TIJANE qui a l’intention de participer aux prochaines élections. Nous faisons appel à tous les mauritaniens ou qu’ils soient d’aller s’inscrire pour les prochaines élections et surtout ils doivent avoir une prise de conscience de ne pas se laisser manipuler ou de se faire vendre de choisir eu même celui qui doit les diriger ».

La Mauritanie : Au-delà des enjeux électoraux, les conflits d’égo

L’ancien allié de BIRAM OULD ABEID, monsieur BALLA TOURE est revenu sur sa rupture avec l’IRA, un mouvement de défense de droits humains dont il est membre fondateur avec le militant antiesclavagiste et député Biram Dah Abeid.

« Vous savez que comme tout projet d’activisme, de droits humains ou politique est avant tout une idée, d’un groupe de personnes, de femmes et d’hommes qui se mettent ensemble aux tours des idées avec un projet et avec des objectifs à atteindre. Donc à un moment donné avec certains amis nous avons compris que ces objectifs nous ne pouvions plus les atteindre au sein de IRA Mauritanie au côté de BIRAM OULD ABEID. Que le fonctionnement de l’IRA ne correspond plus à ce qu’on attendait de militantisme. Alors on a décidé d’arrêter la lutte au sein de cette organisation et nous nous sommes tout de suite poser la question, est ce qu’il faut raccrocher et arrêter complètement ? ou est ce qu’il faut continuer ? nous nous sommes concertés pendant quelques mois et nous sommes arrivés à la conclusion que, ce pourquoi nous étions obligés de nous battre est encore devant nous, les problèmes que le peuple mauritanien est confronté  sont encore là donc il n’y a pas de raison pour qu’on arrête le combat c’est ainsi que nous avons mis en place un mouvement qu’on a appelé « SURSAUT Populaire Démocratique » c’est un parti qui n’est pas encore reconnu mais c’est pour donner cette idée de relance de notre activisme ».

La démocratie en Mauritanie : Le poids du passif humanitaire

Par ailleurs d’autres problématiques qui concernent la Mauritanie méritent d’être évoqué a déclaré Balla TOURE : « Ceux qui sont mobilisés depuis longtemps pour la démocratie en Mauritanie ont toujours été confrontés à l’absence de concertation, à l’absence de géopolitique normale, alors nous avons pensé qu’il fallait d’abord unir les Mauritaniens autour de la table, nous avons espéré que le gouvernement allait avoir une concertation avec l’opposition comme il l’avait d’ailleurs promis, qu’il réunirait toutes les forces politiques et ensembles nous devions discuter sur les questions importantes qui se posent en Mauritanie, à savoir des questions qui ne sont pas encore réglées comme le dossier de l’esclavage malgré tout l’arsenal juridique qui a été mise en place mais aussi le dossier des massacres extra - judicaire depuis des années 89, 90,91. Donc ce dossier n’est pas encore réglé et tant d’autres dossiers qui sont liés aux titres fonciers on a du mal à faire appliquer des textes normaux en matière de gestion du foncier, il y a le problème de l’éducation, la place des langues nationales dans le système éducatif et de façon générale la place de la liberté d’expression, de liberté individuelle et collective. Ce sont des problèmes qui sont là qui nécessitent une discussion autour d’une table avec les dirigeants et trouver des solutions. Et cela devrait aboutir incontestablement à des accords politiques entre les partis majoritaires et les partis d’oppositions et sur la base de ces accords politiques on devrait aboutir à des élections libres et transparentes. Mais malheureusement nous sommes restés sur notre faim et la promesse n’a pas été tenue par ceux qui nous gouvernent ».

 La Rédaction 

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