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Société

©Photo de RIJASOLO/AFP

Madagascar : la colère gronde contre les coupures d’eau et d’électricité

La capitale malgache s’est réveillée sous haute tension ce jeudi 25 septembre. Malgré l’interdiction préfectorale, les collectifs citoyens « Tsy manaiky lembenana » et « Leo délestage » ont maintenu leur appel à manifester sur la place d’Ambohijatovo, pour dénoncer les coupures récurrentes d’eau et d’électricité qui paralysent la vie quotidienne de millions de Malgaches.

Autour du rond-point stratégique d’Ambohijatovo, les forces de sécurité ont été déployées en nombre. Barrages, contrôles renforcés et présence policière dissuasive : le préfet Angelo Ravelonarivo a pris les devants afin de prévenir tout attroupement. Une stratégie qui vise à contenir la contestation, mais qui, paradoxalement, alimente la crainte de débordements. D’autant que des groupes proches du pouvoir ont également annoncé leur intention de descendre dans la rue, faisant planer le risque d’affrontements.

La mobilisation ne s’est pas limitée aux rues de la capitale. Sur les réseaux sociaux, les appels à protester se sont multipliés ces derniers jours, relayés par des figures de la société civile, des artistes et plusieurs personnalités de l’opposition. Un logo inspiré du manga One Piece, détourné aux couleurs malgaches, est devenu l’emblème viral de ce mouvement. Pour beaucoup, il incarne l’exaspération d’un peuple qui se dit trahi par des promesses gouvernementales non tenues.

Au-delà des délestages, c’est un malaise plus profond qui s’exprime. Les coupures incessantes d’électricité et l’absence d’eau potable dans plusieurs quartiers d’Antananarivo cristallisent la colère d’une population qui dénonce une gouvernance jugée opaque. Dans les discussions en ligne, photos et témoignages pointent l’écart grandissant entre la précarité vécue par la majorité et l’opulence affichée par certains enfants de responsables politiques. Une fracture sociale devenue insupportable aux yeux de nombreux citoyens.

Pris en étau entre colère populaire et tensions politiques, le pouvoir tente de maintenir l’équilibre. Le gouverneur de la région Analamanga, Hery Rasoamaromaka, a reconnu que le camp présidentiel comptait aussi mobiliser ses soutiens, tout en appelant à la retenue. Même son de cloche du côté du député Désiré Rafidimanana (TMH), qui affirme ne pas céder aux menaces et aux pressions circulant sur Internet.

Alors que la capitale reste sous surveillance et que les revendications citoyennes prennent de l’ampleur, la question énergétique s’impose désormais comme un défi politique majeur pour le régime. La rue, elle, continue de rappeler que la patience des Malgaches a ses limites.
 

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