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Sécurité et Conflits

Le président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani

Alerte-La Mauritanie victime de son soutien aux terroristes dans le Sahel

Avec la montée en puissance de l’Armée malienne, les terroristes, en débandade, tentent de trouver refuge sur le territoire mauritanien, seul pays du Sahel réputé pour avoir « noué des pactes avec les djihadistes », selon plusieurs sources. Cette situation complique les relations bilatérales entre le Mali et la Mauritanie, deux pays voisins et anciens partenaires au sein du G5 Sahel, en raison du rôle controversé de la Mauritanie dans la lutte contre le terrorisme au Mali. 

Ce positionnement a déjà eu des répercussions négatives sur la stabilité mauritanienne, qui n’avait jamais été véritablement impliquée dans la lutte antiterroriste.

Partageant une frontière de 2237 km, le Mali et la Mauritanie ont historiquement entretenu des relations étroites. Toutefois, en désespoir de cause, la Mauritanie a souvent choisi la voie la plus aisée pour lutter contre le terrorisme : signer des pactes de non-agression avec les groupes terroristes. Ces dernières années, les autorités mauritaniennes ont ainsi facilité la circulation de ces groupes terroristes et de leurs complices dans le Sahel. En échange, le pays bénéficiait d’une relative tranquillité, tandis que ses voisins comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger subissaient de lourdes pertes. Les citoyens de ces pays ont été terrorisés par ces bandits armés qui, repoussés par les armées nationales, se repliaient vers la Mauritanie où ils recevaient soins médicaux, protection, et parfois des aides financières.

Deal avec les terroristes, une tradition politique en Mauritanie 

Pour rappel, en 2016, des documents attribués à Oussama Ben Laden déclassifiés par l’administration américaine, avaient révélé qu’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) avait passé en 2010 un pacte de non-agression avec le pouvoir mauritanien d’alors. Parmi les documents de Ben Laden, se trouvait un contrat datant de 2010 établi entre celui-ci et le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz. Il ne s’agit pas seulement d’un pacte de non-agression, comme certains pays au Sahel ont été tentés de passer par (l’ex-président burkinabé Blaise Compaoré avait pu trouver des arrangements avec certains Touaregs extrémistes), le Président Aziz est allé beaucoup plus loin. En substance, son pacte avec le diable (renouvelable tous les ans), engageait Aqmi à s’abstenir de toute opération militaire en Mauritanie. Pour sa part, la Mauritanie se devait de ne pas attaquer les combattants du mouvement sur son sol et, surtout, de libérer des prisonniers membres d’Aqmi. Vrai ou faux ? Certains faits trahissent le pouvoir mauritanien qui, en 2015, a libéré, sans l’avoir jamais présenté à la justice, Sanda Ould Bouamama, l’un des principaux leaders de l’insurrection dans le nord du Mali et ancien porte-parole d’Ansar Dine (allié d’Aqmi).

De même, le cas de Khadim Ould Semane suscite bien des interrogations. Ce chef d’Aqmi (en Mauritanie), arrêté en 2008 et condamné à mort en 2010, est toujours en vie. Autre signe ? Ce pays est redevenu subitement calme après une spirale de violence : l’assassinat, le 24 décembre 2007, de quatre touristes français ; l’attaque de la base militaire d’Al-Ghallaouia, qui a coûté la vie à trois soldats ; l’attaque de l’ambassade d’Israël et d’une boîte de nuit à Nouakchott… Et depuis 2010, plus rien.

Par ailleurs, la Mauritanie devait, conformément au pacte, verser de 10 à 20 millions d’euros à Aqmi pour éviter les enlèvements de touristes. En d’autres termes, les terroristes n’avaient plus besoin de mouiller la chemise pour enlever des étrangers puis négocier une rançon. D’emblée, ils étaient récompensés.

Le président Mohamed Cheikh El Ghazouani sur le banc des accusés 

Au-delà de ces aspects gravissimes, l’accord explique aussi pourquoi le président mauritanien avait refusé, durant l’opération Serval, menée en 2013 par la France dans le nord du Mali, d’apporter la moindre aide militaire au sol à son allié et ami français. A l’époque, on avait expliqué cette décision d’Aziz par les solidarités tribales entre les Maures mauritaniens et les communautés arabes ou les Touaregs maliens.

Avec la révélation par les Américains d’accords secrets entre Aqmi et la Mauritanie, ces explications ne tiennent plus. La duplicité du pouvoir de Nouakchott apparaît en pleine lumière. Ainsi, on comprend aisément comment la Mauritanie a été épargnée par les attaques et attentats ces dernières années. Malgré l’arrivée au pouvoir, en 2019, de Mohamed Cheikh El Ghazouani, la pratique a continué et, selon des indiscrétions, elle s’est même amplifiée. Mais, contre toute attente, le Mali, depuis la rectification de la Transition, il s’est engagé dans le combat contre le terrorisme sur son territoire. Ce combat contre les terroristes alliés au pouvoir mauritanien fait mal au président El Ghazouani.

La neutralisation des chefs terroristes par les FAMa en cause 

Même si des signes d’une tension diplomatique existe depuis le début de la transition, ils se sont amplifiés lorsque l’armée malienne a annoncé, le dimanche 21 janvier 2024, la mort d’Abdoulwahab Ould Choghib, considéré comme l’un des plus grands dirigeants de l’organisation terroriste Daesh au Sahel. Cette opération, menée à la demande du président de la Transition, le colonel Assimi Goïta et qui constitue un succès majeur dans la lutte contre le terrorisme dans la région, n’a pas été appréciée par les autorités mauritaniennes. Abdoulwahab Ould Choghib était l’un des plus influents et des plus dangereux chefs de Daesh au Sahel. D’origine mauritanienne, il avait rejoint les rangs de l’organisation terroriste en 2015, après avoir rompu avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), dont il était l’un des cadres. À la tête de l’EIGS, il avait revendiqué ou orchestré de nombreuses attaques meurtrières contre les FAMa ainsi que les populations civiles, notamment dans la zone dite des « trois frontières », entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso.

Abdoulwahab Ould Choghib, servant le plus souvent de trait d’union entre les autorités mauritaniennes et les groupes terroristes, était également impliqué dans le massacre de plusieurs centaines de civils dans la région de Ménaka, entre 2022 et 2023. Il était recherché par les autorités maliennes ainsi que par la justice internationale, qui l’accusait de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

En plus de la mort de ce « sanguinaire », les FAMa ont déclenché, depuis plusieurs jours, des combats contre les groupes armés terroristes (GAT) agissant le long de la frontière entre le Mali et la Mauritanie. Et les défaites enregistrées par les GAT ne sont pas du goût des autorités mauritaniennes qui, au lieu de rejoindre Bamako dans son combat contre ces terroristes, veulent créer une supposée tension diplomatique avec le Mali. Aussi, les autorités mauritaniennes ont également décidé de recevoir des terroristes blessés sur leur sol en tentant de les blanchir comme étant de simples citoyens. « Comme toute cette stratégie ne fait pas effet et face au mutisme de Bamako qui, faut-il le rappeler, est serein car ayant agi avec professionnalisme, les Mauritaniens sont venus présenter des excuses au président Assimi », révèle une source diplomatique mauritanienne. En effet, selon cette information, la Mauritanie n’est pas aujourd’hui capable de faire face au terrorisme sur son territoire car n’ayant jamais été préparée à cela. Alors la stratégie ? « Il faut qu’on tente d’accuser Bamako d’intrusion sur notre territoire avec des supposés groupes de mercenaires Wagner pour pouvoir nous rapprocher des Américains. Cela n’est pas une bonne stratégie car les États Unis ont eux-mêmes échoué au Niger voisin », affirme notre interlocuteur. Et de conseiller : « le plus facile et le plus efficace serait d’aller en alliance avec le Mali qui, sans mentir, possède aujourd’hui la seule force capable de nous appuyer et de nous aider à sécuriser nos populations. Nous devons nous résigner à faire ce combat contre les terroristes ».

Il est important de signaler que le Mali, en bon voisin, a toujours été le premier à œuvrer pour maintenir un climat de bon voisinage avec la Mauritanie malgré le soutien de celle-ci aux groupes terroristes et séparatistes semant la terreur sur son territoire. D’ailleurs, récemment une délégation ministérielle malienne, dirigée par le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop et le ministre de la Défense et des Anciens combattants, Sadio Camara, s’était rendue en Mauritanie pour tenter de désamorcer la situation. Le Mali a fait le premier pas, il reste donc à la Mauritanie de rejoindre le bon port, celui de la victoire de la vérité sur le mensonge. 

Devant cette situation complexe, il est important que la Mauritanie réévalue sa position et envisage une coopération plus étroite avec le Mali pour combattre efficacement le terrorisme. 

Source : CROISSANCE AFRIQUE (Mali)

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