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Économie

France: pourquoi le sommet de Paris sur un nouveau pacte financier sera un échec?

Ce 22 juin s’est ouvert à Paris un Sommet consacré au nouveau pacte financier mondial. L’objectif de cette rencontre est de jeter les bases d’un nouveau système financier 80 ans après la conférence de Bretton Woods, est-il vraiment possible de réformer le système financier international ?

Je ne le pense pas pour plusieurs raisons

L’offre de financement au niveau international est insuffisante et mal décaissée
Les banques de développement offrent un niveau de financement sans aucun rapport avec les énormes besoins exprimés par les économies. Rien que pour l’Afrique un gap de financement de 330 milliards de dollars est noté. Ces banques mettent beaucoup de conditions préalables au premier décaissement dans l’optique de modifier le corpus social de pays emprunteurs à l’aide de réformes contraires à leur vécu.

En cela les instruments actuels sont plus des outils utilisés par les pays du Nord pour mieux contrôler ceux du Sud. Une étude menée dans une de ces banques avait montré que les crédits accordés pouvaient mettre en moyenne 18 mois avant de connaître un début de décaissement

Les autres éléments liés à cette offre de financement concernent la raréfaction des ressources concessionnelles sur lesquelles ont toujours compté les Etats pour développer leurs vastes programmes sociaux peu rentables sur le court terme . Avec la crise mondiale actuelle les pays « riches » ne sont plus en mesure d’abonder ces mécanismes ». Les difficultés notées dans la mobilisation des engagements financiers précédents du G7 l’ attestent

En ce qui concerne les marchés financiers, ils sont mal réglementés avec une forte dose de spéculation. Par ailleurs, une bonne partie des projets financés sont sans grande valeur ajoutée notamment dans les pays du sud du fait des critères politico-électoraux à la base de leur identification et de la sacro-sainte tendance des pays prêteurs à ne pas s’ immiscer dans le choix des projets Tout ceci tire l’économie mondiale vers le bas.

Les financements sont aussi inefficaces puisqu’une bonne partie est recyclée dans les paradis fiscaux. 7,5% des crédits accordés par la banque mondiale ont été détournés. Par ailleurs ma conviction est qu’on ne peut mettre sur un même pied la lutte contre la pauvreté et la « protection » de l’environnement

Pour renverser la tendance il faut instaurer un droit de regard des institutions et pays prêteurs sur la qualité de projets financés. Il faut désintoxiquer l’économie mondiale:
6 000 milliards de dollars d ‘actifs dormants

Il faut que les pays du Nord restituent au Sud les milliards d’euro détournés, malgré des législations nationales défavorables Il faut auditer le FMI et la Banque mondiale et règlementer les paradis fiscaux. Il faut aussi repenser les règles de bale. On va vers un énième échec. Les coûts de la conférence de Paris auraient pu financer des centaines de projets

Magaye GAYE
Économiste International

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