Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, et le chef du front Polisario, Brahim Ghali.
Les autorités sahraouies et le gouvernement algérien ont exprimé leur profond désaccord après l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution soutenant le plan d’autonomie marocain au Sahara occidental, considéré par Rabat comme la solution la plus réaliste au conflit.
Le Front Polisario a rejeté catégoriquement la nouvelle résolution du Conseil de sécurité, la qualifiant de « tentative de légitimer l’occupation militaire marocaine illégale du Sahara occidental ». Dans un communiqué rendu public à la suite du vote, le mouvement sahraoui a réaffirmé qu’il « ne sera pas partie à un processus politique fondé sur des propositions qui privent le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l’autodétermination et à la souveraineté sur son territoire ».
Le Polisario estime que cette approche « unilatérale » risque d’aggraver le conflit et de compromettre la paix et la stabilité régionales. Tout en saluant la prolongation du mandat de la MINURSO jusqu’au 31 octobre 2026, la direction du Front souligne que le Conseil de sécurité « ne peut résoudre le conflit sans la participation effective du peuple sahraoui », et rappelle que la décolonisation demeure au cœur du dossier.
Le mouvement indépendantiste, soutenu par l’Algérie, a également dénoncé « un dévoiement grave et sans précédent des principes qui guident traditionnellement les Nations unies en matière de décolonisation », accusant certaines puissances d’avoir exercé des pressions pour imposer une lecture favorable au Maroc.
L’Algérie s’abstient et conteste la méthode
L’Algérie, principal soutien diplomatique et politique du Polisario, a pour sa part décidé de ne pas participer au vote, estimant que la résolution « ne reflète pas fidèlement les principes onusiens relatifs à la décolonisation ».
Le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, Amar Ben Jaafer, a rappelé devant le Conseil que « le principe de décolonisation constitue l’un des fondements essentiels de la Charte des Nations unies » et que « la décision finale sur l’avenir d’un territoire colonisé ne peut revenir qu’à son peuple ».
Citant l’ancien président américain Woodrow Wilson, le diplomate a déclaré : « On ne peut transférer des peuples d’une souveraineté à une autre par une conférence internationale ou un accord entre parties. Les aspirations nationales doivent être respectées, et les peuples ne peuvent être gouvernés qu’avec leur consentement. »
Alger considère qu’une solution juste et durable au conflit passe exclusivement par l’organisation d’un référendum d’autodétermination, sous l’égide des Nations unies, permettant au peuple sahraoui d’exercer librement son droit de choisir son avenir.
Dans un communiqué publié depuis New York, l’Agence de presse algérienne (APS) a confirmé que cette non-participation au vote traduisait « la volonté de l’Algérie de se distancier d’un texte qui ne répond pas à ses attentes et ignore le rôle du Front Polisario, représentant légitime et unique du peuple sahraoui ».