Alors que des rumeurs prêtent à l’ancien président sénégalais Macky Sall l’ambition de succéder à António Guterres à la tête des Nations unies, l’exécutif sénégalais brise enfin le silence. Par la voix de la ministre des Affaires étrangères, Mme Yassine Fall, le gouvernement a formellement pris ses distances avec cette hypothèse.
Interrogée ce mercredi, la cheffe de la diplomatie sénégalaise a écarté sans équivoque toute idée de candidature officielle de Macky Sall au poste de Secrétaire général de l’ONU. « Même pas en rêve », a-t-elle lâché, qualifiant les rumeurs de « spéculations infondées ». Elle a souligné que l’ancien président ne remplissait pas les critères exigés pour diriger une institution aussi stratégique, évoquant un manque de profil, de bilan et d’expertise à la hauteur du poste.
Cette sortie ferme intervient alors que plusieurs voix s’élèvent au Sénégal pour dénoncer une tentative de diversion, dans un contexte où l’ancien régime reste sous le feu des critiques.
Un lourd passif au regard des droits humains
L’ex-Première ministre Aminata Touré, ancienne proche de Macky Sall, a réagi via les réseaux sociaux, rappelant le lourd passif de son ancien mentor. Elle souligne notamment les rapports d’organisations internationales documentant 82 morts et des centaines d’arrestations arbitraires entre 2021 et 2024, lors de manifestations violemment réprimées au Sénégal.
Mme Touré cite également la visite récente de la Rapporteuse spéciale de l’ONU sur la torture, Alice Jill Edwards, qui a appelé à des poursuites contre les responsables présumés de violations des droits humains dans le pays. Elle dénonce une tentative de « manipulation de l’opinion » et appelle à mettre fin à « l’impunité » plutôt que de chercher à imposer une candidature « sans crédibilité ».
Une reconversion diplomatique discrète mais active
Depuis son départ du pouvoir en avril 2024, Macky Sall s’est installé au Maroc, où il a fondé une entreprise privée. Discret sur la scène politique nationale, l’ancien président multiplie néanmoins les apparitions sur la scène internationale : il participe à plusieurs conférences de haut niveau, s’exprime dans divers forums diplomatiques, et a récemment rejoint la Fondation Mo Ibrahim, consacrée à la gouvernance et au leadership en Afrique. Une présence qui alimente les spéculations sur ses ambitions futures — malgré les vents contraires.