Face à l’escalade des tensions entre le Mali et l’Algérie, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a lancé un appel au calme. Dans un communiqué officiel daté du 9 avril et publié depuis Abuja, la Commission de la CEDEAO se dit « profondément préoccupée » par les récents événements ayant entaché les relations entre les deux pays voisins. Elle exhorte Bamako et Alger à « désamorcer la tension », à privilégier la voie du dialogue et à recourir aux mécanismes régionaux pour résoudre leurs différends.
Un drone au cœur de la crise
Le point de rupture a été atteint le 1er avril 2025 lorsqu’un drone malien a été abattu par l’armée algérienne, à proximité de la ville frontalière de Tin-Zaouatine. Alger affirme que l’appareil a violé son espace aérien sur une distance de deux kilomètres. De son côté, l’armée malienne soutient que le drone — un aéronef sans pilote appartenant aux FAMa — s’est écrasé lors d’une mission de surveillance, sans provoquer de dégâts ni victimes.
La réaction de Bamako ne s’est pas fait attendre. Le Collège des chefs d’État de l’Alliance des États du Sahel (AES), que le Mali préside actuellement, a dénoncé cet acte comme une « agression » contre tous ses membres et un encouragement au terrorisme. En réponse, les ambassadeurs du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont été rappelés d’Alger pour consultations.
Accusations croisées et fermetures d’espaces aériens
L’Algérie a réagi avec fermeté aux accusations de l’AES, dénonçant des propos « graves » et « mensongers ». Alger affirme disposer de preuves, notamment radar, confirmant la violation de son territoire par le drone malien, une infraction qui, selon elle, s’était déjà produite à deux reprises en 2024.
Dans un climat de défiance croissante, les deux pays ont décidé de fermer réciproquement leurs espaces aériens le 7 avril. L’Algérie a également rappelé ses ambassadeurs au Mali et au Niger, et suspendu la prise de fonctions de son nouvel ambassadeur au Burkina Faso. Le Mali, de son côté, s’est retiré du Comité d’état-major conjoint (CEMOC) et a annoncé son intention de porter plainte contre l’Algérie devant les juridictions internationales.
Un test diplomatique pour la région
Cette crise entre deux acteurs majeurs du Sahel intervient dans un contexte régional déjà marqué par des tensions politiques et sécuritaires. En appelant à l’apaisement, la CEDEAO espère éviter une dégradation durable des relations entre le Mali et l’Algérie, qui pourrait avoir des conséquences sur la stabilité de toute la sous-région.