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Mauritanie : Entre espoirs et doutes autour des revenus gaziers

Alors que le projet gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA), partagé entre la Mauritanie et le Sénégal, suscite de grands espoirs au-delà des frontières, le pessimisme gagne du terrain en Mauritanie. La population, peu informée des retombées économiques et sociales, n’attend presque rien de cette ressource pourtant qualifiée de prometteuse. En cause : une communication gouvernementale timide et l’absence de stratégie claire pour valoriser le gaz localement.

Un projet prometteur, mais mal expliqué

En Mauritanie, le projet GTA, développé en partenariat avec le Sénégal et les majors pétrolières BP et Kosmos Energy, devait marquer un tournant économique. Toutefois, le manque d’efforts pour expliquer les bénéfices attendus ou les étapes de mise en œuvre a laissé les citoyens dans l’ignorance. Contrairement au Sénégal, où le gouvernement multiplie les campagnes d’information pour sensibiliser la population et créer des attentes réalistes, la communication mauritanienne reste presque inexistante.

« Nous savons que la production va commencer bientôt, mais personne ne nous dit à quoi cela servira. Tout reste flou », déplore Idriss Mohamed, un jeune entrepreneur de Nouakchott. Ce sentiment est partagé par une majorité de Mauritaniens, qui voient dans le projet une manne réservée à une élite économique, sans impact significatif sur leur quotidien.

Le Sénégal, un modèle de gestion proactive

Le contraste avec le Sénégal est frappant. Dakar mise sur une stratégie intégrée pour maximiser les bénéfices du gaz. Des projets concrets d’utilisation locale sont en cours, notamment pour produire de l’électricité et réduire la dépendance énergétique du pays. En parallèle, des initiatives de formation et d’insertion professionnelle dans l’industrie gazière sont mises en place, offrant des perspectives d’emploi aux jeunes Sénégalais.

En Mauritanie, aucune stratégie claire de transformation locale du gaz n’a été annoncée. Le pays semble se contenter de collecter les revenus des exportations, sans ambition réelle de diversifier son économie ou d’investir dans des infrastructures énergétiques durables.

Des défis structurels à relever

Le manque de communication n’est qu’un symptôme d’un problème plus profond. La Mauritanie fait face à plusieurs défis majeurs qui compromettent le potentiel de ce projet :

• Absence de vision stratégique : Aucune politique nationale n’a été définie pour transformer le gaz en ressources énergétiques ou industrielles utiles au pays.

• Risque de mal-gouvernance : Une gestion opaque des revenus pourrait exacerber les inégalités et alimenter la méfiance populaire.

• Manque de formation et d’expertise locale : Les compétences techniques nécessaires à l’industrie gazière font cruellement défaut, réduisant les chances d’une participation active des Mauritaniens.

Quelles solutions pour redonner espoir ?

Pour inverser la tendance et restaurer la confiance du peuple, le gouvernement mauritanien doit adopter une approche proactive et inclusive :

1. Renforcer la transparence : Informer régulièrement les citoyens sur l’état d’avancement du projet, les revenus attendus et leur allocation.

2. Investir dans les infrastructures locales : Développer des projets d’utilisation locale du gaz, comme la production d’électricité ou de produits industriels.

3. Former les jeunes : Mettre en place des programmes de formation pour préparer la population aux métiers de l’industrie gazière.

4. Impliquer les acteurs locaux : Associer la société civile et le secteur privé aux décisions stratégiques pour favoriser une gestion participative.

Le gaz peut être un levier de transformation pour la Mauritanie, mais cela nécessite une volonté politique claire et un engagement envers la population. Sans ces efforts, le projet GTA risque de devenir une occasion manquée, alimentant davantage la frustration des Mauritaniens face à une économie qui peine à répondre à leurs attentes.

La Rédaction 

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