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Opinion

Dahaba Djibril Diagana

50 milliards pour moderniser Nouakchott ? Carence de vision ou manque d’ambition ?

Nous assistons aujourd’hui à des annonces grandiloquentes concernant un plan de modernisation de la capitale Nouakchott pour un montant de 50 milliards d’ouguiyas. L’ambition est positive et salutaire. Tout de même léger et très en deçà des besoins de la capitale. Pourtant, une simple analyse démontre à quel point cette somme est dérisoire et éloignée des véritables besoins d’une capitale moderne.

Prenons pour exemple la construction de la nouvelle Assemblée nationale. Un bâtiment sans âme, dépourvu de caractère et d’identité. Ni moderne, ni inspiré de notre riche patrimoine culturel et architectural, ce bâtiment est un échec symbolique. Il ne reflète rien de ce qui pourrait incarner un Nouakchott moderne, connecté à ses racines et ouvert à l’avenir. Et pourtant, cette Assemblée nationale aurait coûté à l’État 8 milliards d’ouguiyas (7 772 944 800 selon l’AMI).

Si l’on fait un simple calcul : 50 milliards ÷ 8 milliards = 6,25. Cela signifie qu’avec le budget alloué pour la "modernisation" de la ville, on pourrait construire à peine l’équivalent de six Assemblées nationales. En d’autres termes, avec 50 milliards, on prétend transformer une capitale, cette somme est largement insuffisante pour répondre aux défis d’urbanisation, de développement durable, d’infrastructures modernes et d’amélioration de la qualité et du cadre de vie des citoyens.

Pour moderniser réellement Nouakchott et en faire une ville digne des aspirations de ses habitants et une capitale présentable, intégrant son patrimoine et projetant une image de modernité, il nous faudrait au minimum aller sur un objectif de 3 000 milliards d’ouguiyas sur 5 à 7 ans, soit : 8 milliards de dollars. 

C’est avec cette ambition que l’on pourrait envisager des infrastructures à la hauteur des enjeux : des routes modernes, des quartiers repensés, des espaces publics inspirants, des réseaux de transport efficaces, tout en préservant et valorisant notre héritage culturel.

Quand on voit certains membres de l’élite applaudir sans se poser la moindre question, il est évident de se rendre compte que nous sommes loin d’un débat sérieux sur les véritables enjeux du développement. 

Dieu nous a dotés d’un cerveau pour réfléchir. Aller à l’école, fréquenter les universités, c’est pour apprendre à utiliser davantage cet outil. Ne pas se questionner sur ces projets, c’est trahir notre devoir intellectuel et notre avenir collectif.

Il est temps de penser grand pour Nouakchott et pour le reste du pays, avec une vision à long terme et des moyens à la hauteur.

Je vais y revenir avec des propositions concrètes, inchaAllah.

Dahaba Djibril Diagana

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